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17 mai 1940

RAPPORT D'OPERATIONS DU 1ER B.M.

 

17 Mai 194O

             Sur un chemin descendant de l’E, de Lambusart vers Farciennes s’avançaient des civils (une douzaine environ) précédés d’une femme poussant une voiture d’enfant. Lorsque le groupe fut à portée de fusil (400 m environ) il se dispersa rapidement, la voiture fut renversée dans le fossé et ‘’celle’’ qui la conduisait en tira une mitrailleuse et ouvrit le feu sur une section de la C.M. I (Lieutenant Fournier). Il était 8 h. du matin environ.

            Le Chef de Bataillon, qui avait voulu se rendre personnellement compte de la situation, fut mitraillé d’une fenêtre d’une maison située dans la rue principale du village et qui menait à l’église. Il vit des Allemands qui arrivaient par petits groupes en sidecars, sans chars, même légers et qui s’engouffraient dans les habitations.

            Pendant le temps de la reconnaissance, vers 8 heures, était arrivé au Bataillon l’ordre écrit de repli immédiat émanant de la 5e D I N A. Celui-ci ne put s’exécuter sans perte que grâce au sang-froid et au courage du Lt Truchot, Commandant la C M 3 qui avec son unité et sous le feu soudain nourri des éléments ennemis occupant Lambusart, protégea le décrochage des compagnies engagées.

            Un peloton d’A.M.C. demandé et conduit par le Commandant du Bataillon aida au décrochage et permit le repli de la Compagnie Truchot.

 

            Au début de l’après-midi, après avoir contourné Charleroi par le Nord et passé à Roux le canal de Charleroi à Bruxelles, le 1er B.M. se trouvait rassemblé à Fontaine-l’Evêque.

 

            A 23 heures, suivant les ordres reçus, il se remettait en route et exécutant dans la nuit une marche longue et pénible, guidé par des estafettes motocyclistes, passant par Piéton, il traversait BINCHE aux premières lueurs du jour et le 18 Mai 1940 le Ier B.M. arrivait vers 10 heures à Givry.

             Ordre avait été donné de tenir toute la journée et de ne se replier qu’à la tombée de la nuit.

             Aux premières heures de la matinée, le contact était pris avec les Allemands qui avaient réussi à s’infiltrer dans les maisons du village et, revêtus d’effets civils, tiraient des fenêtres.

A.M.C.: Auto Mitrailleuse de Combat

  

 

Itinéraire du repli du 1er BM de Lambusart à Givry :
Départ Arrivée H départ H arrivée Durée Distance estimée Vitesse estimée
Lambusart Roux 8 h 12 h 4 h 14 km 3.5 km/h
Roux Fontaine l’Evêque 12 h 14 h 2 h 7 km 3.5 km/h
Fontaine l’Evêque Pièton 23h 00 02 h 15 1 h 30 5 km 2.3 km/h
Pièton Binche 02 h 15 06 h 20 3h 15 12 km 2.3 km/h
Binche Givry 06 h 20 10 h 00 3 h 40 11 km 3 km/h
Total 17 h 49 km 2.9 km/h

Mon commentaire: il devient évident que les troupes française sont en train d'être encerclées par les Allemands.

 Un civil tué par erreur à Fontaine l'Eveque ce 17 mai 1940:

Des espions allemands avaient été lâchés sur la Belgique. Ce même jour, à Lambusart, la 1ère compagnie du Lieutenant Fournier avait été confrontée à des allemands habillés en civil: une femme avec une voiture d'enfant qui contenait en fait une mitrailleuse (voir ci-dessus).

Il a été relaté également qu'à quelques dizaines de kilométres de là, un civil à bicyclette s'est adressé à une batterie anti-char pour dire que les chars qui arrivaient derrière lui étaient des chars français et qu'il ne fallait pas tirer. Quelques instants plus tard, le personnel de la batterie constata avec effroi que c'étaient les chars allemands qui arrivaient.

A Seclin, le 1er BM croisa des motocyclistes Anglais qui devaient être en fait des Allemands !

Il devait donc régner une certaine paranoïa dans les troupes françaises.

"A Fontaine-L'Evêque, au lieu dit "Nouveau Philippe", il existait un café du nom de chez "Calomne-Doucy". Les propriétaires ayant quitté l'établissement et parti en évacuation, avaient donné la clé à Monsieur Marc Caulier qui avait la garde du bâtiment. Lors du passage des Français, M. Caulier a été surpris en écoutant la radio sur un poste à galène et a été pris comme espion. Il a été conduit dans la cour d'une petite ferme, deux maisons plus loin et a été fusillé."

Ce témoignage et la photo ci-dessous m'ont été transmis par Monsieur Roland Poliart, habitant Fontaine-L'Evêque. Je le remercie vivment d'avoir bien voulu enquêter sur cet événement.

 

A la droite du groupe, portant une casquette: M. Marc Caulier.

Etat-civil de Fontaine l'Eveque:

Caulier Marc Charles Philippe

Agent d'assurances décédé aujourd'hui 17 de mai 1940, à 4 heures de relevée (date officielle d'enregistrement à la commune)

Il décéde vers 2 heures de relevée rue de Leernes en cette ville, né à Fontaine l'Eveque le 9 février mille huit cent nonante. Célibataire, fils de Cambier Charles Emile et de Walraevens Adolphine Emilie conjoints décédés et domiciliés en cette ville. Les témoins Cornelle Ernest employé 54 ans et André Pierre Houilleur âgé de 54 ans, tous deux voisins du défunt domicilé en cette ville.

Note.

2 heures de relevée: expression signifiant 2 heures de l'après-midi.

Le site officiel de Fontaine l'Evêque mentionne: "des soldats français crurent reconnaître un espion au carrefour du Nouveau Philippe; ils s'en emparèrent et le fusillèrent sur place; il s'agissait d'un paisible citoyen, Caulier Marc, dont les sentiments patriotiques ne pouvaient être mis en doute"

L'heure à laquelle s'est produit ce drame correspond à la présence du 1er BM à Fontaine l'Evêque. Le rapport indique que le 1er BM était rassemblé à Fontaine l'Evêque en début d'après-midi. La reconstitution du déplacement du 1er BM laisse supposer une arrivée vers 14h (voir ci-dessus).